Encore quelques pas, elle y est, elle est devant le 32 de la rue du Mont-Thabor, devant l’enseigne et ses étoiles, les portes battantes, la porte qui bat et l’engouffre.
Puis quelques mots, juste quelques mots, un nom, un étage, un numéro.
La réception donc, puis le bar, l’escalier, non l’ascenseur, non l’escalier, quelques étages et ces couloirs, silencieux, déserts et monotones, où le décor importe peu.
Retrouver qui ? Retrouver quoi ?
Un désir blotti, tapi, prêt à surgir, une peau tiède et chaude et puis salée. Et ces portes qui défilent, encore des portes, 42, 44, 46, voilà, c’est là, elle frappe, elle entre, l’autre attend, immobile.
Elle s’en va.
Un peu plus libre, un peu moins seule.
Le goût de l’autre, de goût des autres, le goût de toutes les autres bouches, celles d’hier, celles de demain, collé au corps, collé au cœur.
Son corps adouci, assoupli, raffermi aussi.
Et son cœur !
Cœur battant d’avoir su dessiner la nuit en plein jour à l’ombre d’un après-midi d’automne, d’avoir pu effleurer la mort, mort minuscule, cette mort si douce et si légère dans une chambre aux rideaux bleus.
Elle s’en va.
La porte bat et la propulse vers le soleil doré, vers ce trottoir banal de la rue du Mont-Thabor en plein milieu de la journée.
Elle s’en va.
Un peu moins seule.
Un peu plus libre.
encre amer aurait commencé à écrire dans un couloir menant à un sombre garage. Depuis, ses morceaux ont la densité de
l'encre pure, bleue comme la mer après l’orage.
C'est en bleu qu'il chante, souterrain et doux, profond comme les rêves qui transforment sa vie en récit.
Les chansons d'encre amer sont des projections poétiques. Il raconte et nous berce, tandis que dehors gronde la tempête....more